Hubert Damisch
Philosophe initié à la phénoménologie par Maurice Merleau-Ponty, théoricien de l'art et de l'architecture, saxophoniste par ailleurs, Hubert Damisch rejoint en 1958 le Centre de Sociologie des Civilisations au sein de la VIe section de l'EPHE, dirigé par Pierre Francastel. Il confirme son intérêt pour l'approche structuraliste et se tourne vers la sémiologie. Il publie en 1972 une histoire de la peinture interprétée à partir d'une Théorie du nuage (Seuil). En 1974, dans Huit thèses pour (ou contre) une sémiologie de la peinture, rapport présenté au premier congrès de l'Association internationale de sémiotique de Milan, publié en 1977 dans la revue Macula, Hubert Damisch s'interroge sur la possibilité même d'une sémiologie de la peinture. Jacques Derrida lui répondra quelque temps plus tard dans La vérité en peinture (Flammarion, 1978). 1977 est aussi l'année durant laquelle Hubert Damisch fonde le Centre d'histoire et théorie des arts (CEHTA) de l'EHESS (aujourd'hui associé au Centre de recherche sur les arts et le langage au sein d'une unité mixte de recherche). Il s'interroge sur la temporalité propre à « l'histoire de l'art », mais aussi à l'interdisciplinarité que les objets de l'art, qui sont avant tout des objets de la culture, requièrent. Le programme de recherche qu'il propose est celui d'une iconologie analytique, à la croisée de l'histoire, la théorie de l'art, la psychanalyse, l'anthropologie, la philosophie, l'histoire des sciences. La bibliographie d'Hubert Damisch témoigne de sa vaste culture artistique et de son intérêt marqué pour l'architecture et pour la photographie : Ruptures/Cultures (Minuit, 1976) et L'Art est-il nécessaire ? (1993) demeurent des références, tout comme Américanisme et modernité, l'idéal américain dans l'architecture, en collaboration avec Jean-Louis Cohen (Flammarion, 1993) ou encore La Dénivelée . A l'épreuve de la photographie (Seuil, 2001) et La Peinture en écharpe. Delacroix, la photographie (Klincksieck, 2010). En 2016, paraît Hubert Damisch, l'Art au travail sous la direction de Giovanni Careri et Georges Didi-Huberman, ouvrage rassemblant les interventions des participants au colloque qui lui a été consacré à l'EHESS et montrant combien les travaux d'Hubert Damisch restent d'actualité.